L'appel du C.A.C.A.

Carnaval n'est pas mort. Il en redemande. D’aucuns ont bien essayé de lui éclater les dents sur un trottoir (dans la rue Bonaparte à Nice), de le gazer (à Ste Anne à Montpellier), de l’éteindre (place Paul Doumer à Arles), de le corso-fleuriser (sur le Prado à Marseille), de l’infantiliser (dans toutes les école de la République), de le sortir de la rue pour le mettre à la télé (nous y avons vu les carnavals du monde entier)… Mais il est encore là, s'engraisse comme un porc béarnais qui se joue de la grippe. Faisons le couiner une fois de plus, pour se rappeler que nos cultures rugueuses s’accrochent encore, même là où le lisse est de rigueur.

Le présent est tout ce qu’il nous reste : la réinvention de folklore est notre salvation, notre résistance : la tradition permet tout, elle est notre garantie, notre force inscrite dans l’histoire, et notre légitimité venue des anciens. Le présent est tout ce qu'il nous reste, et les allers-venues dans le temps relient, tels des passe-carrières, le souffle de vie et le souffle de mort… A rebours nous remontons vers le sens premier. Vous serez avec nous les mangeurs, les souffleurs, les péteurs.

Du samedi gras au mercredi des cendres, nous inventerons ensemble de quoi donner sens à la fête, au chant, à la danse, et à l’envers du monde tout aussi réel que son endroit. Rien n’est dessiné, composé ou quadrillé. Vous devez venir colorer, improviser et éclater dans cet espace-temps mythologique du carnaval.

Pousser la chansonnette ne sera qu’un départ : il nous faudra réapprendre à chanter ensemble ce qui fait sens dans ce bordel ambulant. Le répertoire se nourrit dès aujourd’hui de vos idées, fantasmes, délires, odes, gueulantes, poésies, insanités, et pamphlets. Tout le monde aura de quoi accompagner l’affaire de bruitages louches, de rythmiques charivaresques ou d’harmonies grinçantes.

Joutes chantées, baletis, et pagodes alternatifs, dans une tournée grasse pour des jours gras dans des lieux à choisir ensemble. Nous vous invitons à partir de Viols le Fort, village héraultais a la croisée des plaines arides et des causses humides pour mener la barque jusqu’au traditionnel Mardi Gras du centre ville de Montpellier. A nous de déjouer l’arrivée du Mercredi des Cendres

Dés l'Epiphanie, nous nous transmettrons toutes ces dépenses musicales pour les chanter. Des versions numérisées circuleront au sein du Collectif, étendu sur un vaste territoire et sans identité figée. Toutes les langues, tous les instruments, tous les accessoires, tous les caractères, tous les personnages, toutes les chapelles sont de la partie.

Le procès du Caramentran tiendra siège sur la place publique grâce à vos chefs d’accusation ou à vos plaidoiries de défense, vous choisirez votre camp le moment venu. D’ailleurs chacun d’entre nous sera susceptible de se transformer peu à peu en un Autre, jusqu’à s’exalter dans la carapace d’un personnage inavoué. Le moment venu, vous comprendrez.
Rassurez-vous… De tout ce vacarme, les flammes viendront à bout.

ATTENTION : Le Collectif Anonyme du Carnaval Ambulant ne garantit aucune protection civile ni kit de dialogue avec les CRS, aucun système de sécurité ou d’alarme, aucun blindage de vitrines, aucune combinaison ignifugée ni extincteur, aucun régime alimentaire, aucune limite de consommation, de gaspillage, de gâchis. Aucune taxe n’est prélevée sur la Part Maudite de l’existence humaine que nous célébrons ici. Le C.A.C.A. refuse à s’engager sur les conditions climatiques ainsi que sur les conditions matérielles de notre sédentarité et de notre nomadisme (chapiteau, caravanes, autocar, trottinette, caddys, pétards, moteurs à explosion, matelas, couverture chauffante, bonnets, bouillotte, etc…)

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